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De la consommation des kitniyot et du riz à Pessa’h pour les communautés séfarades originaires du Maroc

Le hamets que la Torah a prohibé relève des cinq espèces de céréales : blé, orge, épeautre, avoine et seigle. Mais les autres espèces telles le riz ou le millet sont permises à Pessa’h.

On peut lire au traité Pessa’him (p. 35a) : Rabbi Yo’hanan ben Nouri a dit : le riz est une variété de céréale. Fermenté, il fait encourir la peine de mort à qui le consomme. Et on peut l’utiliser pour s’acquitter de son devoir [de manger la matsa] à Pessa’h. Mais la halakha n’a pas retenu son avis comme l’a indiqué le Choul’han Aroukh 453:1. Et le Rama note, au nom des Tour, Hagahot Maïmon et Mordekhaï, que les communautés ashkénazes ont coutume de faire montre de rigueur à l’égard des riz et kitniyot. Le Rif zal remarque que du temps de nos premiers maîtres déjà, on avait pris l’habitude de s’interdire toutes les espèces de kitniyot. Il apparaît donc que d’après l’article de la loi, le riz et les kitniyot sont autorisés à Pessa’h, mais certains observent l’usage antique de s’en abstenir.

Cependant, dès l’époque des premiers décisionnaires les Juifs d’Allemagne ont commencé à s’abstenir de consommer les kitniyot et cette coutume s’est étendue à toutes les communautés ashkénazes.

Trois motifs essentiels justifient cette coutume :

(1)        parce que le mode de cuisson des kitniyot, notamment celui du riz, n’est pas sans rappeler celui des céréales, un observateur pourrait croire à tort qu’il est également permis de cuire à Pessa’h toute espèce de céréale.

(2)        Comme on fait de la farine à base de kitniyot, il y a lieu de craindre qu’un Juif non instruit des rudiments du Judaïsme n’en conclue à tort que l’on peut mettre à bouillir ou cuire de la farine céréalière, et il en résulterait du hamets. À vouloir consommer des kitniyot, il en viendrait à consommer des espèces de céréales.

(3)        Parce que les variétés de céréales ont un aspect semblable à celui de diverses kitniyot, qui plus est sont entreposées avec elles dans des granges communes, il pourrait arriver que des grains de blé se mêlent à des kitniyot. Qui ferait cuire des kitniyot, ferait alors cuire du blé qui fermenterait pour le coup. Et même pour les champs de culture où l’on alterne au gré des années les récoltes de blé et les récoltes de kitniyot, il reste parfois du grain des moissons précédentes.

Notre maître le Hida écrit dans Birké Yossef (ch. 453) au nom du Mahari Zayin, et dans Chiyouré Berakha : « Certes, à Jérusalem la plupart des sages et pieux s’abstiennent de consommer le riz à Pessa’h, car il est déjà arrivé que [même] après la vérification minutieuse du riz il s’y trouve, lors de la cuisson, du blé, c’est pourquoi on évite de consommer le riz. Toutefois, on ne reprend pas ceux qui le mangent, surtout dans la ville sainte où cette denrée est l’aliment des pauvres et des nourrissons. J’ai pu constater le même arrêté dans Peri Hadach, et le Rav Mahari Zayin exprime la même idée, que j’ai exposée dans Birké Yossef. Et là-bas j’ai dit humblement mon avis, à savoir que les gens intègres — je veux dire les pieux — ont coutume de le manger dans nos régions, et j’ignore quelles sont ces communautés d’Espagne dont le Mahari Zayin dit qu’elles l’ont défendu à tous leurs membres, et que cette interdiction s’est étendue à diverses communautés. »

Et de même, le Mahari Navon atteste dans son ouvrage Ne’hpa baKessef vol. I, que telle est la coutume qui prévaut à Jérusalem. Il est cité dans Chaar Hamifkad beNahar Pekod (p. 75), et l’ouvrage Netivé Am le souligne également (dans ses lois relatives à Pessa’h). Le Rav Yossef Yadi haLévi déclare aussi dans son recueil de responsa Yemé Yossef (édition révisée — Ora’h Haïm ch. 21) que les Juifs originaires d’Espagne installés en Israël ont adopté l’usage de s’interdire le riz et les kitniyot conformément à l’opinion des Mordekhaï et Hagahot Maïmon, dont le Rama a rendu compte.

Dans le même ordre d’idée, Rabbi Haïm Palagi note dans son ouvrage Lev Haïm (II, ch. 94) que l’usage de sa ville et son district, Izmir (Turquie), est de ne pas consommer le riz à Pessa’h.

Rabbénou Yossef note dans son livre Ben Ich Haï (sect. Tsav, I, §41) : Ici, dans notre ville, beaucoup de gens s’abstiennent de manger le riz à Pessa’h parce qu’il s’y trouve, mêlés, des grains de blé et d’orge, et il faut s’y reprendre deux à trois fois pour l’examiner. Certains pourraient négliger de le vérifier, il y resterait du blé ou de l’orge et on le cuisinerait. C’est pourquoi on s’en éloigne.. Et dans son ouvrage Rav Paôlim (III, ch. 30) il relate que son maître et aïeul Rabbi Moché Haïm ztsl s’autorisait, au début, la consommation de riz a Pessa’h, mais s’en est formellement abstenu à la fin de sa vie à cause d’un incident : on avait découvert un grain de blé cuit, qui flottait à la surface d’un plat de riz, et depuis ce jour il ne mangeait plus de riz à Pessa’h, tout comme beaucoup de ses concitoyens (s’y reporter).

Du temps des premiers décisionnaires, toutes les communautés séfarades s’autorisaient la consommation des kitniyot et riz à Pessa’h, mais prenaient grand soin de les examiner soigneusement pour s’assurer qu’ils sont exempts de blé. Et de même, note le Beit Yossef (ch. 453), personne ne nourrit de crainte à cet égard, si ce n’est les ashkénazes.

Au Maroc, l’usage était de ne pas manger le riz, comme l’a signalé l’auteur du Michpat ouTsedaka beYaacov (I, ch. 9 et 122), et comme l’a écrit R’ Itshac ibn Danan dans son livre le-Itshac Réa’h, et l’a écrit également le Rav David Ovadia ztsl dans son ouvrage Nahagou ha-Am. Consulter aussi les Responsa du grand sage Rabbénou Yehouda ben Attar ztsl qui, dans sa correspondance (Ora’h Haïm ch. 14) avec Rabbi Yaacov Even Tsour zts, lui confie qu’il a vérifié par lui-même et découvert beaucoup de miettes de nouilles qu’on appelle « fideos » en espagnol, dans des grains de riz. En conclusion, il ajoute que le riz possède à lui seul trois inconvénients, dont l’expression du livre des Psaumes מפ”ח יקוש (filet d’oiseleur) est une réminiscence : son (de blé) (מורסן), fideos (פידיאוס) et blé (חיטים), et il est interdit de le consommer à Pessa’h.

Il est vrai que le sage Rabbi Yossef Messas ztsl déclare dans son Otsar haMikhtavim (vol. III) qu’on a interdit le riz parce qu’on l’emballait à côté de la farine et que, n’était la crainte du hamets qui s’y trouve mêlé, on l’aurait consommé ; et si l’on est certain qu’il n’y a aucun risque de hamets dans le riz, il est permis de le consommer.

Pour ma part, j’ai entendu de la bouche de mon maître et rabbin, le sage R’ Chalom Messas ztsl — autrefois grand Rabbin du Maroc puis grand Rabbin de Jérusalem — que l’on ne s’abstient pas de manger les kitniyot à Pessa’h, mais le riz, on a pris l’usage de s’en abstenir. Et les gens respectueux de cet usage ont des motifs tout à fait valables, même s’il ne s’agit pas de hamets à proprement parler.

Le mieux est donc, pour chacun, de s’en remettre aux traditions héritées de ses parents. Cette obéissance nous vaudra assurément le mérite de consommer la chair des sacrifices et du korban pessa’h !

Rabbin David Raphaël Banon

Membre du Tribunal Rabbinique de Montréal

Rabbin de la Communauté Séfarade de Laval


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