Disparition d’une Tsadeket
La rabbanite Annette Sabbah (née Nizri) Z’L, née le 16 décembre 1933, est issue d’une lignée de grands érudits en torah, tels que Rav Yaacov haCohen, et de Rav Aharon haCohen du côté de sa mère, et du Rav Yossef Ashkenazi, parmi d’autres Gedolim, du côté de son père. Elle grandit dans la ville de Mazagan et se maria à Marrakech avec le grand Rabbin du Québec Hadayan HaRav David Sabbah shlita, géant dans la torah, qu’Hashem le protège et le garde parmi nous en santé jusqu’à l’arrivée du Mashiah bimhera beyamenou Amén.
Ayant grandi dans une maison de chessed et emounat chahamim (sa mère nourrissait les bahourei yeshiva, ainsi que les moins fortunés). Ces valeurs dont elle etait imprégnée, la définissait en tant que personne. Cette grande dame avait plusieurs middot caractéristiques et propres à elle. Elle était forte, intègre, brillante, une visionnaire au sourire rayonnant, pleine de vie, soucieuse du bien-être de tous et une réelle source d’inspiration pour sa famille et ses amis. Elle était empreinte de générosité, éprise de émet et de clémence. Elle avait en elle, naturellement, les qualités que le RAMAK enjoint à tout juif de développer; celles-ci etant décrites dans son livre Tomer Devorah. Elle possédait un cœur large, ayant de la place pour tout le monde, elle respirait et vivait la Tsedaka. Sa chohmat hayim, son sens de l’humour et toutes ses merveilleuses qualités étaient une source d’apprentissage qui a fait de chacun d’entre ceux, qui ont eu le plaisir de la connaître, des êtres uniques. Cependant, une des qualités les plus marquantes, selon sa famille, était sa midda de vatranout, se définissant par “céder ses droits aux autres pour le kavod d’Hakadosh Barouh Hou”.
Elle faisait preuve de cette midda de vatranout de manière constante. Encore petite, elle avait le caractère d’un leader, œuvrant dans de nombreux organismes, tels que le scoutisme, bénévolat dans les hôpitaux, organisation de soirées culturelles au profit de nécessiteux, ect. Une fois mariée à Rabbi David Shlita, elle sut s’effacer et céder sa place, son caractère, à son mari, afin qu’il grandisse. Elle sut donc le partager continuellement avec la communauté. Souvent seule, malgré les difficultés inhérentes à l’éducation de nombreux enfants en bas âge; elle faisait tout pour le bien et l’épanouissement de la communauté. Elle volait au secours des gens qui étaient en danger, indépendemment de leur religion. Comme par exemple, un enfant à la yeshiva qui avait été intoxiqué au gaz ou comme un musulman qui a eu une crise d’épilepsie, elle s’assurait du bien-être de tous avec beaucoup de zrizout.
Elle vivait dans une abnégation totale. Ses sacrifices, son don de soi, et sa bonté n’avaient pas de limites.
Elle gardait toujours le meilleur pour les autres, depensait son avoir pour ses proches en se contentant du minimum pour elle-même. Même quand elle recevait des cadeaux, elle préférait ne pas en profiter et continuait à porter ses objets de valeur sentimentale, comme cette cape usée dont elle ne se séparait jamais, sa seule possession avec laquelle elle a quitté ce monde et qui a été déposée, par la suite, sur sa tombe en Erets Israël.
Au Maroc déjà, elle épaulait son mari dans ses responsabilités de Rav, et de Menahel de toutes les écoles juives et de la yeshiva. Lorsque son mari devait quitter pour Strasbourg, pour les périodes d’examens jusqu’à l’obtention du doctorat, elle assumait l’interim de la direction des écoles et s’occupait du chinouh de chaque étudiant personnellement.
Un autre évènement illustrant bien sa midda de Vatranout était lors de la période du camp d’été à Mazagan, elle se sacrifiait comme d’habitude pour le bien être des autres. Un été, afin de ne pas rater l’opportunité de ramener des enfants dans le chemin de la torah, elle opta d’accoucher dans la maison de ses parents, afin de pouvoir continuer à s’occuper de la communauté et de ces jeunes venus s’imprégner des valeurs de la Torah à partir d’activités culturelles et socio-récréatives.
Par la suite, à leur arrivée à Montréal, elle a ouvert la garderie Kan Tsipor pour le bien-être de la communauté, que son fils Amram a repris par la suite. Elle était si soucieuse de l’éducation, de la Techouva et de la pérennité de la communauté; qu’elle posa elle-même la demande au ministère de l’éducation du Québec; pour l’obtention d’un permis en vue d’opérer une Yeshiva sépharade et un Bet Yaacov sous le nom de Ohr Torah, ce qui n’existait pas à l’époque dans la communauté sépharade. De même, lorsqu’elle reçut l’appel du Rabbin Yaacov Soudry pour lui annoncer qu’il acceptait le poste de directeur, elle versa des larmes de joie et d’émotion; de quoi marquer ses enfants à vie.
Elle inculqua à ses enfants des valeurs et des middot qui resteront gravées dans leur cœur et leurs pensées à tout jamais. Elle avait pour mission de faire grandir et de ramener la communauté juive sépharade de Montréal à ses racines. Elle le fit, et continua à le faire, non seulement à travers son mari, mais aussi par ses enfants, tous érudits en torah, dont certains ont rendu le Kirouv la mission principale de leur vie. Elle avait pour devise : « ne remets jamais au lendemain ce que tu peux faire le jour même ». Elle disait toujours à ses enfants qu’il fallait persévérer pour réussir.
Le shabbat était une journée sacrée pour mami Annette aléa hashalom (comme tout le monde qui était proche d’elle l’appelait, tant famille, qu’amis, femmes de ménages et aides-soignantes). Ses enfants et petits-enfants se souviennent encore lorsqu’elle chantait kabbalat shabbat avec une voix mélodieuse (elle adorait chanter), sa fille dit encore : « chante! Reine de ton foyer, reine de la communauté, tu es mon phare, mon soleil et ma lumière. Tu me manques…maman ».
Sa demeure était toujours ouverte à tout venant. Son hospitalité était en effet légendaire. Elle sut cependant, sacrifier cette tendance innée en elle pour préserver l’honneur du Shabbat et par là-même celui d’Hachem. Si, des invités faisaient sous-entendre qu’ils retourneraient chez eux en voiture ; elle s’y opposait fermement et proposait de leur trouver où se loger. Elle disait: “il est hors de question! On ne transgresse pas le Shabbat, Hachem passe avant tout ! ”
Son hospitalité envers tous, son profond respect pour les talmidei chahamim et son amour indéniable pour Hashem se sont manifestés de manière naturelle tout au long de sa vie. Comme on l’a entendu lors de son Hesped, la rabbanit fut celle qui eut le mérite d’accueillir quatre Rishon Letsion; chacun avec la même emotion et la même dignité rendant avec le faste dont elle entourait ces événements, le respect dû à chacune de ces illutres personnalités. Aussi, selon un témoignage du Rav et dayan David Banon Shlita, Qu’Hashem le protège, elle avait tellement de kavod et d’amour pour les talmidei chachamim, que même dans les moments les plus difficiles à supporter lors de sa maladie, elle prenait toujours le temps de les accueillir avec kavod et le sourire aux lèvres. Jusqu’à la veille de son décès, elle parvint encore à ouvrir les yeux pour le voir et lui sourire avant de les refermer à nouveau.
Lors des dernières années de sa vie, elle était un réel miracle vivant. Plusieurs fois les médecins ont dit à la famille, qu’elle ne passerait pas la nuit, mais combien de fois elle leur prouva avec sa force et sa ténacité que “Ein Od Milevado”, il n’y a qu’Hashem qui pouvait décréter de telles choses. Sa dernière chute, veille de pessah, lui causa une fracture à la hanche, pour laquelle elle fut opérée à chol hamoed. Par la suite, elle subit certaines complications sur l’étage d’où elle fut transférée aux soins intensifs et où elle décéda le jeudi 25 iyar dernier (10 mai), juste avant le coucher du soleil, que son âme repose en paix. “Nafsha Tihiye Tseroura”.
Lors de la levaya, une foule nombreuse est venue lui rendre hommage. Rabanim, hommes et femmes, remplirent la grande salle de Paperman afin d’exprimer leur douleur et dire Adieu à la Rabbanit qui fut enterrée après une 2e levaya sur le har harmenuchot à Yeroushalayim, tout prêt du kever du Rav Hida ZTL et de celui de Rav Mordechai Eliyahu ZTL, zehoutam tagen alenou ve al kol am Israel amen.